"Je sais combien c'est difficile en ce moment pour les
photographes..."
Cette confidence d'une incontournable du photojournalisme New Yorkais résonne encore dans mes oreilles.
A la sortie des bureaux de Gamma US sur Avenue of the Americas, ce jour là, il
pleuvait. On aurait cru que le ciel savait déjà que les gens qui animaient cet
endroit allaient tous être foutus dehors.
C'est ainsi! Il est de vieilles gloires qui ne demeurent intactes que dans
l'esprit.
Le moins que l'on puisse constater, avec dépit, c'est que les agences photo
françaises ont perdu dans la dernière décennie la place qui était la leur dans
les années 80.
Je ne suis pas un de ces photographes qui a connu l'age d'or du
photojournalisme à la Française. Je suis arrivé bien après les redressements
fiscaux des uns et les problèmes de gestion des autres. Dans un paysage déjà
bien désolé, où la seule règle est de faire beaucoup avec très peu.
Je suis de ces photographes qui ont accepté, à tort, de bosser dans une
précarité inouïe juste pour une poignée de dollars (en fait, d'euro à
l'époque).
Aujourd'hui "the place to be" est à New York. Peu importe le type
d'image que l'on produise, Big Apple est devenue la capitale de la photo. Une
nouvelle plaque tournante où se rencontrent les courants les plus forts. C'est
un peu le Cap Horn de l'image moderne. Un endroit dur, tourmenté, où la
vitesse, le flair, l'agressivité au combat, la ténacité sont de rigueur pour
tenir professionnellement.
En fait, les Etats-Unis sont à la pointe. Technologiquement, économiquement,
hégémoniquement.
AP,
Getty,
Wireimage,
Corbis.
Quatre noms qui raflent les prix, les parts de marché et attirent les
photographent à eux. D'autres agences, et pas des moindres (Polaris créé
par Jean Pierre Pappis, Zuma,
Redux), leur emboîtent le
pas, démontrant jour après jour la vitalité d'un secteur que l'on dit moribond
outre atlantique.
Alors quoi? Les photographes français sont ils mauvais? Ont-ils perdu le feu
sacré? La rage de vaincre ?? La fureur du Dragon ??? Non, assurément non!
L'Oeil public, Tendance Floue, In Visu, comptent parmi les
collectifs les plus actifs de l'hexagone et réunissent une majorité de
photographes talentueux. (me pardonnent ceux que je n'ai pas nommés ). Certains,
comme Bruno
Fert, remportent mêmes les plus hautes récompenses. En fait, si
l'industrie se meurt, ceux qui l'ont faite et qui la feront renaître sont encore
bien vivants. (à voir l'interview sur Photographie.com
de J.F Leroy
sur ce sujet)
Tout est histoire de mentalité. De prise de risque, de capacité à prendre
ces risques.
Tout est histoire de modernité.
Pas la peine de trembler face au Web 2.0. Pas la peine de
remettre en cause le salariat ( "non, nous on salarie pas les
photographes, si tu viens chez nous, tu dois savoir prendre des
risques..."), ni les droits d'auteurs,
le copyright.
C'n'est pas la faute au people ou au sport. A la Star'Ac ou la Nouvelle Star à
la TV ou au manque de pubs...
A chercher des excuses, on ne trouve pas de solutions.
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